Les origines de la menthe, plante aromatique, remontent aux mythes grecs. Avant d’enlever et de conquérir Perséphone, déesse de la germination, Hadès, le seigneur des enfers, fréquente une nymphe du nom de Menthé. Une relation qui n’est pas au goût de la nouvelle reine du monde infernal… Une légende qui ne manque pas de saveurs !
Au bord de l’eau
Ce n’est pas un hasard si la menthe pousse près des rivières. Dans la mythologie grecque, la délicieuse Menthé demeure la fille du Cocyte, fleuve infernal des lamentations, et se prélasse à ses bords. Elle appartient au groupe des naïades, c’est-à-dire aux nymphes des eaux douces issues de dieux-fleuves.
Son frère, Amenthé, lui, préfère parcourir le royaume des morts. Le frère et la sœur représentent les deux principes, masculin et féminin, du Cocyte. En effet, l’amour, source de pleurs, atteint aussi bien les hommes que les femmes. Lors d’un de ses voyages, Amenthé reçoit la visite d’Hadès (Pluton chez les Latins) qui règne sur cette dimension. Celui-ci désire conquérir le cœur de sa sœur, après avoir respiré son envoûtant parfum. Le vagabond accepte de l’aider et Menthé se laisse séduire. Leur passion s’éternise jusqu’au jour où le seigneur de l’au-delà aperçoit sa nièce Perséphone…
De la jalousie dans l’air
Fille de Déméter, protectrice de l’agriculture, et de Zeus, Perséphone, qui permet la germination, cueille, en ce matin ensoleillé, des narcisses dans les campagnes siciliennes. Son oncle Hadès, subjugué, l’enlève pour l’épouser. Après une confrontation entre Déméter et Hadès sur le sort de la captive, Zeus finit par trancher. Sa fille séjournera six mois dans le monde souterrain et les six autres auprès de sa mère.

Peu à peu, la jeune déesse s’habitue à son nouveau rôle de reine des enfers. Irritée par l’attitude de Menthé qui continue à jouer les maîtresses auprès d’Hadès, elle lui conseille de se tenir à l’écart. La naïade se moque d’elle et se vante d’avoir séduit le roi bien avant elle.
Pour punir l’outrage fait à sa fille, Déméter tend de nombreux pièges à la nymphe qui succombe. Elle la métamorphose en menthe des jardins. Par égard envers Hadès, la senteur particulière de l’infortunée se conserve dans les feuilles. Quant à Amenthé, fané par le chagrin, il se transforme, lui, en menthe sauvage (mentha silverstris) ou menthastre, de par sa nature à explorer les terres. Il répand une odeur plus forte, mais moins agréable que celle de l’espèce cultivée.
L’odeur de la mort
Le destin de Menthé symbolise le fait que la menthe s’utilise dans les rites funéraires anciens. Son odeur masque celle des morts. Les adorateurs la consacrent alors à Hadès. Les Grecs appellent ce végétal l’hedyosmos, de la racine hèdys, « agréable » et osmos, « odeur ». Les Romains parlent de mentha.
Le mot dérive aussi du latin mens, parce que la menthe réveille les esprits. Hécate, déesse de la magie et des fantômes, l’ajoute à son répertoire de plantes. Elle entre ainsi dans la composition des philtres. Les Anglais l’évoquent comme magie verte. De par sa nature de naïade, Menthé, sous sa forme végétale, purifie et rafraîchit les eaux.

Depuis son changement d’apparence, elle habite une montagne, à laquelle elle prête son nom, en Élie, au sud de la Grèce. Comme pour surveiller l’herbe odorante, un bosquet consacré à Déméter s’étend à proximité. Au pied de ce mont, les hommes édifient un temple en l’honneur du dieu des enfers. Dès lors, Hadès prend l’épithète d’Amenthès, « privé de Menthé ». À la mémoire de leur passion, la menthe poivrée condense la fraîcheur de la belle et le côté masculin, poivré, d’Hadès.
Une plante de l’amour
Mécontente du sort réservé à Menthé qui continue d’ensorceler par son parfum, Déméter persuade Zeus de la rendre inutile aux arcanes de l’amour. Ainsi, à Mesagne, ville italienne, les hommes envoient de la menthe aux femmes pour rompre avec elles. La plante perd aussi ses graines afin que la nymphe ne puisse se reproduire.
Mais Menthé, après avoir convaincu Hadès et Hécate, retrouve son pouvoir de séduction lorsque Aphrodite, incarnation de l’amour et de la beauté, la met au rang de ses bienfaits favoris. Les Grecs en extraient un parfum. Ils interdisent, toutefois, à leurs soldats d’ingurgiter la plante. En effet, elle déchaîne tant les passions qu’elle réduit leur bravoure au combat !
Sources :
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Encyclopédie ou dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines de Fortuné de Félice, 1773.
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Encyclopédie méthodique : antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie, 1792.
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Dictionnaire portatif de la fable pour l’intelligence des poètes de Pierre Chompré, 1801.
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Flore d’Europe de C. V. de Boissieu, 1805.
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Mythologie pittoresque de Joseph Desnos, 1839.
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Dictionnaire de la fable ou mythologie grecque de François Noël, 1803.
Bonsoir Michael, merci pour cette article. Je m’intéresse en ce moment aux nymphes car j’ai une énigme que je dois résoudre pour un projet. La voici LES "NYMPHES DANS LA FORET PEUVENT EN RAMASSER EN LES COUPANT AVEC UN OBJET TRANCHANT" Serais-tu me dire de quoi il s’agit stp? Je suis incapable de trouver sur internet. Merci d’avance!
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Bonjour,
Alors déjà, les nymphes dans la forêt pourraient désigner les Dryades, nymphes des forêts et plus particulièrement des chênes. On les représente souvent avec une hache afin d’effrayer ou de punir ceux qui tentent de couper les arbres. Mais je ne sais pas ce qu’elles ramassent. Après ce n’est peut-être pas les Dryades, mais je n’ai pas d’autres idées qui me viennent. Je veux bien connaître la réponse exacte en tout cas 😉
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Tout d’abord, merci pour ton retour! Oui j’étais au courant des Dryades. Ça fat 2 semaines que je cherche; alors j’en a lu des articles sur les nymphes! haha
Sans problème que je te tiendrai au courant!
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J’ ai la solution d une énigme.
Trop longue à écrire ici et sans doute sans intérêt lol.
Néanmoins merci de vos lumieres et vos connaissances.
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Ah non, connaître la solution d’une énigme est toujours intéressant 😉
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